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E N Q U Ê T E . 1

L ' o r g a s m e    f é m i n i n  

Depuis quelques années on observe un regard nouveau à l’égard de l’orgasme féminin. Des
articles de presse, une prolifération des comptes Instagram sur le sujet et des documentaires
ont permis de mettre en lumière cette thématique entourée de nombreux tabous. Impulsé par
le mouvement me too, le plaisir féminin est devenu un véritable sujet féministe dont l’essence
même est politique, et vient bousculer les inégalités, les rapports de domination et le
patriarcat. De nombreuses personnalités ont investi ce terrain, avant même la prise de
conscience collective, et se dressent aujourd’hui en véritable porte-parole.

Impulsé par le mouvement #metoo, le plaisir féminin est devenu un véritable sujet féministe dont l’essence même est politique, et vient bousculer les inégalités, les rapports de domination et le patriarcat. Des articles de presse, une prolifération de comptes Instagram sur le sujet, des ouvrages ou encore des documentaires ont permis de mettre en lumière cette problématique restée sous l'ombre pendant des siècles.

Depuis quelques années, on observe un regard nouveau à l’égard de l’orgasme féminin. Pour Clémentine Bille, journaliste en sexologie chez Cosmopolita, et Caroline Langlois,  journaliste chez l'Express Style, le mouvement social #MeToo a encouragé cette prise de parole des femmes sur leur sexualité. Des documentaires sur le plaisir féminin ont fait leur apparition, l'orgamse féminin fait la Une de certains magazines, notamment de Causette, de l'OBS, ou encore des Inrockuptibles et de nombreuses personnalités ont investi ce terrain sur les réseaux sociaux, avant même la prise de conscience collective et se dressent aujourd’hui en véritable porte-parole. Telle que Maïa Mazaurette, journaliste chez le Monde, elle est considérée comme “ l’une des premières sexpertes françaises ” pour le magazine Elle.

 

 

#METOO : un avant/après

Il faut croire que les idées reçues et les tabous sur le plaisir féminin sont encore bien présents. L’engouement médiatique et sociétal de ces trois dernières années ont toutefois permis une connaissance et un intérêt pour le sujet. « Le plaisir féminin a été inventé dans la presse féminine, on en parlait déjà il y 10-15 ans, mais uniquement dans le couple hétérosexuel. Je pense qu’il y a eu deux grosses choses qui se sont passées. C’est le mouvement « me too » qui a remis les choses à plat et donné la parole aux femmes. En parallèle il y a eu la prise de parole sur les réseaux sociaux avec les comptes Instagram.» explique Clémentine Bille. Dans cette quête de l’orgasme féminin, « les réseaux sociaux ont joué très grand rôle », fait-elle remarquer, « car les jeunes femmes vont davantage suivre les comptes Instagram pour s’informer plutôt que d’acheter ou suivre la presse féminine »

 

D’autres acteurs témoignent aussi de cet intérêt nouveau et encourageant, notamment Sebastien Garnero, sexologue à Paris : « On a de plus en plus d’articles sexo dans les médias, je le vois bien. Ma formation de base est docteur en psychologie, puis je me suis spécialisé en sexologie, j’ai pratiquement plus de consultations sur l’aspect sexologie que sur la psychologie même. » Une croissance qui selon lui vient de toutes les campagnes de sensibilisation, sur le plaisir féminin, qui ont mis en avant l’importance du clitoris : « On voit partout la face cachée de l’iceberg avec les branches internes, et le petit bourgeon externe. Il y a eu une éducation par cette sensibilisation qui s’est faite. Surtout auprès des plus jeunes ! »


 

À  L A   U N E 

Entre univers médiatique féminin

et prise de conscience 

 

Selon Nina Faure et Yéléna Perret, les co-autrices de l’ouvrage « Notre corps nous-même », s'il y a plus de médias qui traitent du sujet c'est parce que les femmes ont davantage investi le terrain du journalisme. « On voit fleurir des articles dans différents médias. Je pense que c’est le travail de pigistes femmes qui adoptent des points de vu sociologiques. Ce sont des contenus fouillés, on sent un fond de réflexion féministe. » explique Yéléna Perret, avant de poursuivre : « Je pense aussi que ce sont des espaces de libertés que s’approprient les femmes journalistes. » En effet, en France, sur 35.047 cartes de presses attribuées en 2018, 18.616 étaient pour des femmes, et 16.431 pour des hommes, contre 20.945 cartes pour les hommes et 16.362 pour les femmes en 2008.

 

Toutefois, pour Myriam Levain, auparavant journaliste pour des féminins tels que « Elle » et « Be » et aujourd’hui co-fondatrice du magazine féminin pure player ChEEk, « Les femmes qui écrivent dans les rubriques sexo ont tendance à perpétuer des injonctions. C’est toujours les mêmes références quand on lit un magazine féminin, un peu moins qu’avant mais c’est quand même historiquement des conseils pour être mince, performante. Ce n’est pas du tout une exploration de la sexualité dans une perspective féministe, donc je ne pense pas qu’être une femme soi un gage d’engagement sur ces questions-là. »  

 

Caroline Langlois, ancienne journaliste chez l’Express Style, témoigne des conséquences de cette prise de conscience chez les femmes journalistes  : « En 2016, j’ai écrit un article que j’ai titré “Non, toutes les femmes n’aiment pas les cunnilingus”. Je n'écrirai plus du tout la même chose et je n’interviewerai plus du tout la même personne. Je le titrerai plutôt : “Non, tous les hommes ne savent pas faire de cunnilingus. J’ai vraiment une vision très différente depuis le mouvement #metoo et depuis que j’ai participé à des groupes de paroles. »

 

 

 

Une prise de paroles longtemps obstruée 

Les co-autrices expliquent être estomaquées par la manière dont la sexualité des femmes a longtemps été traitée dans les médias :« L’axe de traitement qui est pris régulièrement pour parler de la sexualité, comme dans les féminins, est très individualiste et fait reposer sur les femmes cette charge je dirais du « devoir conjugal » qu’on utilise plus et qui fait mauvais genre.» Nina Faure donne l’exemple des articles de presse féminine, traités sous forme de conseils et qui donnent en réalité  une forme de responsabilité  aux femmes: «  ” 50 conseils pour raviver le désir chez son partenaire”, “pimenter sa sexualité” ça s’apparente plus à des programmes sportifs ou de développement personnel qu’à des réflexions. Ça va peut-être améliorer des choses sur le plan individuel mais cela ne va pas régler les problèmes de fond. » 

 

« A la suite du mouvement #metoo, on a eu des invités comme Eric Naulleau, Yann Moix, pour faire du féminisme qui n’en est pas. Il y a aussi l’exemple de Léa Salamé sur RTL qui invite Ivan Jablonka, un homme, à parler de féminisme pour ensuite lui dire qu’il va trop loin dans ses propos. » En effet, même pour parler d’elle-même ou de choses qui les concernent, les hommes prennent le monopole de la parole avec souvent une vision davantage phalocentrée et hétérocentrée. Pour Caroline Langlois ancienne journaliste sexologue pour l’Express Style, la parole revient aux femmes sur ces thématiques, « Je suis plutôt d’avis de laisser la parole aux femmes sur le sujet. La meilleure personne qui puisse parler de plaisir féminin c’est une femme. »

 

Bien que le plaisir féminin soit sur le devant de la scène avec moins d'indifférences, aujourd’hui, aborder le sujet reste encore délicat, et le corps féminin est toujours source de nombreux tabous. 


 

U n e s    d e    m a g a z i n e s     f é m i n i n s    d e s     a n n é e s     2 0 0 0  

Photo Caroline
Photo Yelenna
Photo clémentine
Photo Myriam
Photo Nina

Clémentine Bille

Journaliste en psychologie et sexologie chez Cosmopolitan

Myriam Levain

Co-fondatrice du magazine féminin

pure player ChEEk

Yéléna Perret

Co-autrice du livre

"Notre corps, nous mêmes"

Nina Faure

Co-autrice du livre

"Notre corps, nous mêmes"

Caroline Langlois

Ancienne journaliste en sexologie chez l'Express Style

photo tabous
photo éducation

Le plaisir féminin : source d'indifférences et de tabous

Vers une éducation

sexuelle 2.0

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